Zoé, une amie, un alter égo, un univers.

J’ai rencontré Zoé lorsque j’avais onze ou douze ans. A cette époque, je commençais à ressentir les premières migraines. J’avoue ne pas me souvenir précisément de comment ça se passait au début, comment les migraines venaient, ce qu’elles m’infligeaient comme douleurs. Trop d’écrans, trop de stress, trop de trucs en tête (bon ça, c’est encore d’actualité), trop de… Ce que je sais c’est qu’avoir la sensation d’être paralysée de la tête et ne plus rien voir, ça fait flipper, un truc de fou. Quoi qu’il en soit, c’est à cette époque je crois, que j’ai commencé à me créer cette bulle ultra solide qui m’entoure et me protège du monde extérieur.

Zoé est arrivée un peu par hasard. Elle avait mon âge et curieusement, on a directement accroché. Il faut dire qu’on avait pas mal de points communs. (Très) peu d’ami.es, un sentiment de solitude accentué par des migraines (j’y reviendrai plus loin), une passion pour les livres et les histoires. Bref, entre elle et moi, on peut dire que ça a plutôt bien matché.

Le temps a passé et mes migraines se sont accentué. Mais Zoé est toujours restée à mes côtés. Elle est rapidement devenue ma confidente, une présence qui veillait sur moi et me rassurait. Et puis, elle a commencé à me parler d’elle, de sa vie, de son univers, de son monde. Ornika. Un continent constitué de cinq royaumes, tous plus incroyables et mystérieux les uns que les autres. Un monde où cohabitent magie et technologie.

Quoi ? T’as cru Zoé, elle était réelle ?

A dire vrai, elle est sans doute plus réelle que certaines personnes qui ont partagé ma vie à certains moments. Mais contrairement à elleux, Zoé était là à ces périodes où je me sentais particulièrement seule. Des périodes où j’avais moi-même besoin de m’isoler. Elle m’épaulait quand je me sentais mal, ou que je pleurais. Elle me réconfortait devant les déceptions qui s’enchaînaient. La dernière grosse déception date de septembre 2022. Une putain de déception, sérieux, qui fait vraiment mal mais finalement je me dis que cette relation était probablement plus toxique qu’autre chose… (ouais fallait que je parle d’elle et quoi ? Kestuvafer ?)

Les migraines isolent, en plus d’être parfois extrêmement douloureuses. Les traitement n’aident pas, ils atténuent la douleur tout au plus. Parfois, ils assomment et j’attends la fin de la journée pour les prendre, car je sais que je vais m’endormir. Je subis les migraines, encore aujourd’hui. Je prends sur moi jusqu’à ce que je sois sûre d’être en capacité de me reposer. La nuit, donc. Mais les migraines isolent. C’est difficile de faire comprendre à quelqu’un que tu annules en dernière minute un événement ou un rendez-vous parce que tu as mal à la tête. Difficile de ne pas culpabiliser lorsque tu préviens ta/ton responsable que tu viendras pas bosser parce que tu t’as l’impression que ton crâne est en train de se faire transpercer par un marteau-piqueur. Et puis, avec le temps, tu t’isoles toi-même ou les gens ne t’invitent plus ou iels ne prévoient plus rien avec toi. Bref, la solitude devient ton amie.

Mais détrompe-toi, je ne me plains pas. Je vis avec ces migraines. Elles font partie de moi, au même titre que Bob, mon anévrisme (je dois vivre avec ce squatteur dans ma carotide alors autant lui donner un nom à cet enfoiré). En fait, je pense qu’elles me manqueraient si elles venaient à disparaître totalement. Et la solitude, finalement, ne me dérange pas car c’est dans la solitude que j’aime me réfugier. Et puis, je ne suis pas tout à fait seule. J’ai mes livres, mon imagination. Et puis, en IRL, j’ai mon mari, mon fils, ma famille et des ami.es que je tiens à garder dans ma vie. Iels se reconnaîtront s’iels me lisent.

Zoé, je la connais depuis près de vingt ans et aujourd’hui encore, elle fait partie de ma vie. Mais comme moi, elle a grandi. Comme moi, c’est une adulte. Qui vit dans un autre monde, un monde que j’ai découvert et appris à connaître. Un monde peuplé de magiciens (évidemment), d’arbres qui parlent, de dragons et autres créatures aquatiques. Un univers qui possède sa propre langue, le Gothon’i Lieman (ou la langue des Anciens).

[Premier jet de la carte d’Ornika]

Si je te parle de Zoé aujourd’hui, c’est parce que je pense qu’il est temps de te la présenter. J’ai commencé à coucher sur papier son histoire, une période spécifique de sa vie qui a démarré lorsqu’elle avait seize ans. Peut-être était-ce avant ? Je travaille son univers, la langue des Anciens, celles et ceux qui partagent sa vie à elle. Il y a, entre autre, Zohra, une gardienne d’ombres de Kalvarin ; Hermès, un gnome qui sert un peu de conseiller à Zorha ; ou encore Corme, un horme (homme-arbre – t’as vu le jeu de mot de ouf, là ?) qui fait la conversation à quiconque prend place sur le banc à ses côtés.

Je travaille en ce moment sur la réécriture de Romy et le dragon doré, un roman jeunesse en one shot mais dès que j’ai posé le mot de la fin sur cette réécriture, je m’attaque au Monde de Zoé que j’ai hâte de te présenter. Ou pas… Va savoir, j’ai peut-être envie de le garder pour moi, ce projet ?

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La reine rouge (I. Nale)

Image d'une silhouette dans l'ombre, vêtue d'un long manteau rouge et tenant une couronne de ses mains.

Batagasc et Tolto, deux amis, chasseurs de monstres, se retrouvent embarqués dans un conflit ancestral. Les secrets des deux compères risquent de voler en éclats sous la menace de le Reine Rouge. L’issue est incertaine, mais le sort du monde pourrait dépendre de ces deux amis.

Mon avis

Commençons par la couverture. C’est généralement la première chose que je regarde dans un roman (après le titre). Ici, elle est simple, va à l’essentiel, sans artifice. Les couleurs sont sobres, principalement du rouge et du noir, avec le titre écrit en blanc pour bien ressortir. C’est une couverture qui fait son effet.

Idem pour le résumé de quatrième de couverture qui est tout aussi simple. Inutile d’aller dans les détails, on s’imagine très bien ce qui nous attend rien qu’en lisant ces quatre lignes.

Passons à l’histoire elle-même.

Ah, non ! Attendez. D’abord, il faut que je vous parle du glossaire. Car oui, l’auteur a ajouté un glossaire au début du livre.

Ce glossaire, il contient quoi ? Quelques cartes représentant l’univers d’Andar, la chronologie de l’Histoire, quelques chansons inédites et surtout quelques notions d’Andari.

L’Andari, c’est la langue des fées d’Andar. Ainsi, vous pouvez apprendre quelques mots au préalable. L’auteur utilise également certains termes en Andari dans son roman mais ne vous en faites pas si vous n’avez aucune notion car vous pouvez retrouver la traduction de chaque mot ou phrase en bas de page.

L’Andari, tout comme les chansons inédites, rendent l’histoire encore plus fascinante. Tout l’univers est travaillé en amont, des personnages aux créatures qui peuplent le monde. Même si l’auteur ne va pas spécialement en profondeur dans les descriptions, on ne peut que constater tout le travail qu’il y a derrière.

En réalité, cet ouvrage est une véritable encyclopédie, remplie de nombreuses informations sur l’univers et son histoire, ponctuée de deux appendices en bout de livre.

L’histoire de la Reine Rouge représente le fil rouge du roman. Tout ne tourne pas autour d’elle, même si tout s’y rapporte. Ainsi, nos deux protagonistes que sont Tolto et Batagasc (et Salazar, mais je vous dirai pas qui c’est), vivent d’aventures et de chasses aux montres, l’ombre de la Reine Rouge planant au-dessus d’eux.

J’ai beaucoup aimé la relation entre Tolto et Batagasc. Ces deux compagnons vivent d’aventure en aventure, se connaissent depuis longtemps et se font une confiance plus qu’aveugle. C’est une très belle amitié que Batagasc résume d’ailleurs comme suit :

“Je l’aime comme un frère, un fils, un père et une mère. Il est ma famille dans son ensemble.”

Parlons de la plume de l’auteur, à présent.

Son style est poétique et vraiment très agréable à lire. Les caractères du texte sont relativement larges, rendant la lecture plus facile. Cela change des gros livres aux caractères minuscules !

Il y a quelques coquilles dans le texte mais elles sont peu nombreuses et ne gênent pas du tout la lecture. Quant aux descriptions, comme je l’ai mentionné plus haut, elles sont détaillées lorsque nécessaire, comme, par exemple, pour présenter Anchior, le royaume des fées. Elles sont subtiles et précises, mêlant différentes figures de styles.

Pour en revenir aux chansons, le fait de les ajouter au texte casse le rythme de l’histoire mais sans perturber. Bien au contraire, elles sont une sorte de pause dans la lecture, amenant de la légèreté (même si certains textes sont tristes et sombres).

En conclusion : j’ai vraiment aimé cette histoire que j’ai dévoré (comme presqu’à chaque fois). Ce roman est la preuve que de nombreux auteurs et autrices autoédités méritent d’être découverts car s’autoéditer représente un travail de titan. Alors lorsque l’auteur (autrice) fournit un texte de qualité en plus, il faut le souligner !

P.S. : mention spéciale pour la création de l’Andari !