Justine CM, une autrice adorable dont j’avais lu le tome 1 d’Evana (la chronique a disparu, j’essaie de la retrouver), a créé en ce mois de novembre le Justinember.
Ce challenge d’écriture consiste à écrire en s’inspirant de deux listes (une de thèmes et une de mots à placer) qu’elle a imaginées et qui sont disponibles sur son site.
Je vais essayer (j’insiste sur ce dernier terme) de participer au challenge, moi aussi, en vous faisant découvrir l’univers de Circé. Cet univers de SF, c’est un gros projet sur lequel je planche depuis quelques temps, maintenant. Et curieusement, alors que j’étais partie pour des textes qui n’avaient rien à voir les uns avec les autres, je me suis sentie inspirée.
Retrouve dès lors ici mes textes.
Jour 1.
Thème : Le renouveau – mot placé : craquement
Le tonnerre grondait encore, bien qu’il s’éloignait. Il se tenait au-dessus de rochers gigantesques, vestiges d’une chaîne de montagnes autrefois célèbre. Une averse arrosait une plaine désolée où les racines des arbres avaient été arrachées de la terre par un vent violent. Ce dernier s’était mis à souffler dès que la tempête s’était levée. Ensemble, ils avaient tout balayé sur leur passage, ne laissant que ruines et dévastation derrière eux. La mort avait frappé à toutes les portes, emportant chaque être vivant vers son royaume.
À présent, il ne restait plus que le silence qui remplaçait peu à peu le clapotis des dernières pluies, le bruissement léger des quelques feuilles survivantes, le crépitement des flammes scintillant sur la terre où eau et feu s’étaient affrontés.
Ce silence sembla durer des jours. Des semaines. Des années. Puis il y eu un craquement. Léger, presque imperceptible. Une faille couru sur le sol aride, dépourvu de toute végétation. Plus un être vivant ne respirait sur cette planète abandonnée. À moins que… ?
Là, de cette faille, parmi les cailloux agités par les tremblements du sol, sortit ce qui ressemblait à une paire d’antennes. Celles-ci étaient raccordées à une tête pourvue de deux gros yeux dont l’iris noir nageait au milieu d’un océan de bleu. La tête fut accompagnée d’un corps. Petit et de forme ovale, il était parsemé de rayures vertes et rouges. Deux ailes aussi fines qu’elles en parurent transparentes, frémissaient sous une brise légère.
La créature se mit à observer ce nouvel environnement. Curieuse, elle préféra cependant ne pas s’aventurer trop loin sur cette terre inconnue. Aussi fit-elle demi-tour pour revenir ensuite. À ses côtés, des dizaines, puis des centaines de créatures identiques, si bien qu’on ne pouvait plus distinguer celle qui avait foulé la terre en premier, s’avancèrent parmi une nature qui semblait avoir enfin repris ses droits.
Jour 2.
Mot placé : fusion
Le soleil ne brillait plus sur la surface du monde. Seuls quelques rayons de son étoile jumelle illuminaient une minuscule zone inhabitée. C’était d’ailleurs le seul endroit où l’on pouvait apercevoir de la végétation sur cette planète morte. Plus rien ne vivait ni ne mourait. Tout avait disparu en même temps que Némésis. L’étoile la plus brillante de toute la galaxie avait finit par mourir, emportant avec elle toute forme de vie. Ne restait à sa place plus qu’un trou noir.
C’est ainsi que disparut la civilisation la plus ancienne de la galaxie de Circé. Le peuple de la planète Astrée n’était plus. Au fil des ans, la planète hérita d’un nouveau nom, un nom qui en fit frémir même les plus téméraires. Une appellation née de la fusion de la mort avec la peur qui imprégnait ces lieux à présent désertés : PHOBOS.
Jour 4.
Thème : La couleur bleue
Héméra se situait au cœur des entrailles de la froide planète Chioné. Septième planète de la galaxie de Circé, ce monde était entièrement recouverte de neige et de glace traversée de centaines de fleuves, mers et océans d’une eau aussi turquoise que transparente, si bien que l’on pouvait y apercevoir différentes espèces de poissons de toutes les couleurs et de toutes les tailles. Sa froideur rendait l’air si peu respirable que les Chions vivaient dans des citées construites sous la glace. Un labyrinthe de galeries reliait différentes salles aussi hautes que larges. Les murs de glace ressemblaient à une cyanite géante, où se mélangeaient un ciel bleu clair à outremer, et dans laquelle on aurait creusé un monde.
Théa, Reine d’Héméra, arpentait les immenses galeries de son royaume, plus grande puissance de la planète. Sa peau claire et ses longs cheveux argentés contrastaient avec la nuit qui brillait dans ses iris. Elle avançait d’un pas lent mais assuré. Un voile d’inquiétude ternissait son regard tandis qu’elle digérait la terrible nouvelle qu’elle venait d’apprendre. Astrée, la splendide planète aux étoiles, n’était plus. Elle avait disparu en même temps que son soleil.
Elle leva les yeux vers le ciel azur qui surplombait le dôme de la salle du trône. Théa se souvint que ses ancêtres en avaient exigé la construction afin de pouvoir toujours admirer le ciel et les étoiles. Il existait d’ailleurs un dôme pareil à celui-ci dans chaque royaume de Chion. Mais Théa n’avait pas le temps de s’attarder. Ses conseillers l’attendaient, rassemblés autour de la lourde table sculptée directement dans un énorme bloc de glace. Tous arboraient un air grave. Car le trou noir formé suite à la mort de Némésis représentait une menace pour chaque planète de la galaxie.
Jour 5.
Mot placé : veinures
Lénore passait de longs doigts fins sur les veinures de la table en marbre, heurtant les failles qui déchiraient la pierre par endroits. Elle était songeuse depuis quelques temps. La lumière des étoiles éclairait son visage dont les yeux bleus comme le ciel de jour arboraient un air sombre. Cela faisait plusieurs jours qu’une navette marquée d’un seau qu’elle croyait autrefois disparu s’était écrasée dans les montagnes de Borée.
Située au Nord de Séléné, la cité secondaire de Borée abritait les seules montagnes de la planète la plus somptueuse de la galaxie. L’on y extrayait les pierre blanches qui composaient les bâtiments et autres ponts de Séléné. La cité n’était habitée que par les ouvriers en charge de travailler la roche. Des ingénieurs s’y rendaient parfois pour donner des consignes dur la construction d’un nouveau bâtiment ou la rénovation d’un ancien. Après tout, Séléné rimait avec majestuosité. Il ne devait dès lors y avoir aucun défaut visible sur les façades de la capitale où se trouvait le siège du Haut Conseil de Séléné.
Ce dernier s’y était rassemblé après « l’accident » et débattait à présent sur la nécessité ou non d’en informer les Séléniens.
Jour 6.
Mot placé : myriade
Milo était sorti prendre l’air. Sa première journée de cours à l’Académie universelle de Séléné l’avait épuisé et fasciné en même temps.
Thélios, leur professeur d’astronomie, leur avait montré une carte de l’Univers, jusqu’aux frontières formées par le néant, situé juste derrière Eos. « On ignore ce qu’il y au-delà de notre soleil. » avait-il répondu lorsqu’Artémis, une élève Pan, lui avait posé la question. Les élèves s’étaient surtout fascinés par l’immense tache noire qui se dessinait au nord de la galaxie, sujet que Thélios avait éludé en désignant une galaxie située à l’opposé de Circé. Milo, quant à lui, s’était passionné pour l’astronomie lorsqu’il n’avait que cinq années, si bien qu’il en connaissait déjà le nom : Voie lactée. Sa forme en spirale, composée d’une myriade d’étoiles, l’hypnotisait. L’après-midi, ils avaient eu leur premier cours d’éducation physique et autant dire que le sport pour Milo s’avérait une épreuve pour le gamin gringalet qu’il était.
Tandis qu’il fixait le ciel étoilé, assis seul dans le parc de l’Académie, nommant chaque point qui luisait au-dessus de lui, un son semblable à une explosion le fit sursauter, si bien qu’il manqua tomber de son banc. Les yeux toujours levés, il tourna la tête sur sa gauche pour apercevoir une boule de feu aux couleurs rouge-orangé, traversée par des teintes jaunes comme Eos. La boule déchira le ciel avant d’aller s’écraser plus loin au nord, là où aucun citoyen lambda ne pourrait y accéder.
Jour 7.
Mot placé : rubicond
Le moteur s’arrêta dès que la navette toucha le sol. Les portes s’ouvrirent et deux hommes vêtus d’une combinaison noire, le symbole d’un croissant de lune ornant leur épaule gauche, en descendirent. Entre eux avançait un homme. Grand, les épaules larges, il portait une tenue bleu ciel. Ses bottes noires s’enfonçaient dans la boue qui s’étendait sous ses pieds. Un cri au loin les fit sursauter. Les deux gardiens qui l’accompagnaient laissèrent l’inconnu sur place, firent demi-tour et retournèrent à leur navette qui s’éleva à toute vitesse et disparut dans la galaxie.
D’autres hommes, vêtus de tenues similaires à la sienne approchèrent, certains tenant ce qui ressemblait à des tuyaux métalliques. Aucun soleil ne brillait ici, sur Enyo. La planète qui accueillait la prison galactique baignait dans une obscurité quasi-absolue depuis la mort de Némésis. Seule Limos, la cité située au sud bénéficiait d’une légère clarté de la part d’Eos.
Le nouveau venu aux joues rubicondes à cause du feu qu’il avait l’habitude de travailler sur Pan, avait bien sûr, entendu parler d’Enyo. Plutôt que d’enfermer les criminels jugés par le Tribunal galactique, l’on préférait les abandonner à leur propre sort. Chacun devait se battre pour imposer sa place, quant aux plus faibles, ils préféraient rester cachés, à l’abri dans les ruines de petits bâtiments, jamais ou peu visités.
Dans ce monde où régnait l’anarchie, seule la loi du plus fort s’appliquait. Pour le moment.
Jour 8.
Mot placé : constellation
Les étoiles formaient, dans le ciel de Borée, la splendide constellation d’Azura. La flèches que les points lumineux dessinaient étaient parfaitement visible depuis le lieu du crash, si bien que les gardiens l’admiraient à coups de « Ouah ! » et de « C’est tellement beau ! » Ezekias, Conseiller-Juge de Séléné, leva les yeux au ciel avant de rappeler ses hommes à l’ordre. Ces derniers, sous la menace du chef des gardiens, s’excusèrent avant de retourner vers les débris de la navette qu’ils devaient protéger.
Des mécaniciens s’affairaient autour, ramassant des morceaux métalliques aussi sombres que la nuit était noire. Des ingénieurs étudiaient, quant à eux, le site, examinant jusqu’au moindre détail les dégâts que l’impact avait causés. Et puis, il y avait Ezekias. Cet homme de quarante années avait repéré quelque chose sur une place qui constituait la navette, un symbole resté intact et que jamais il n’aurait cru revoir… Un cercle noir entouré d’une aura rouge comme le sang.
Jour 9.
Thème : Lire
La Grande Bibliothèque de Séléné se situait à Nyx, en plein cœur de la capitale. L’on pouvait y retrouver absolument tous les ouvrages de la galaxie, ainsi que des récits racontés par les explorateurs qui s’étaient aventurés en dehors de Circé. C’était d’ailleurs ce qui avait poussé Milo à s’inscrire à l’Académie. Devenir Explorateur, partir à la découverte d’autres galaxies, de nouvelles planètes ou encore de civilisations encore jamais rencontrées.
Ses yeux parcouraient la carte de la Voie lactée, dont la forme, un voile blanc parcouru des millions de points lumineux, l’hypnotisait. C’était là son but ultime, SA destination, là qu’il rêvait d’aller depuis qu’il avait reçu son premier livre d’astronomie de la part de ses parents. Ses yeux parcouraient le livre qui abritait la carte, les mots se succédant sur les pages qu’il feuilletait. Installé là, par terre, entre les rangées de livres de la section Astronomie, Milo s’était créé un refuge où il pouvait dévorer chaque ouvrage.
La Grande Bibliothèque de Séléné était son sanctuaire.
Jour 11.
Mot placé : Vespérale
C’était dans une clarté vespérale que Milo regagna sa chambre à l’Académie. Serrant ses bras contre sa poitrine, il avançait rapidement mais discrètement. Il espérant ne croiser personne, en particulier Ulysse qui l’interrogerait sans doute sur la raison de son absence en cours d’éducation physique cet après-midi. Et Milo n’avait aucune envie de lui révéler qu’il avait manqué la leçon d’Hercules à cause d’un livre. Le livre qu’il tenait dans ses bras.
L’ouvrage, si épais qu’il dû le prendre à deux mains, lui était tombé sur la tête comme une pomme tombait d’un arbre, l’assommant presque, formant une bosse sur le sommet de son crâne certainement. Le doré du titre contrastait avec la couverture noire sur laquelle il reposait. Mais ce qui avait sursauté intrigué Milo, ce fut le symbole dessiné dans le coin inférieur droit du livre : un disque noir entouré d’un halo de couleur rouge, comme le sang. PHOBOS, monde perdu ou monde nouveau ? avait-il lu avant de finalement l’ouvrir à la première page.
Milo s’était alors laissé emporté par sa lecture, oubliant le reste de ses leçons pour la journée. Ce fut comme si, soudainement, le temps s’était arrêté.
Jour 12.
Thème : L’angoisse – mot placé : Obombrer
Tout commença avec le silence. Un silence pesant qui alourdissait l’atmosphère déjà suffocante. Des nuages noirs obombraient les plaines verdoyantes, les plongeant dans une obscurité glaçante. Le soleil avait disparu, chassé par les ténèbres qui avaient envahi la planète. L’on n’entendait plus un bruit et la terreur se répandit parmi la population mondiale à la vitesse d’une étoile filante. Les plus petits animaux s’étaient réfugiés sous terre tandis que les plus imposants cherchaient désespérément un abri. Tous regardaient le ciel qui se parait d’une couverture noire et épaisse. Un air froid prit possession des lieux, telle la Mort qui annonçait sa venue. Elle qui avait si longtemps attendu, la voilà qui était prête à emporter les âmes des malheureux qui se tiendraient sur son chemin. Le temps s’était arrêté, de même que les cœurs avaient soudainement cessé de battre.
Le jour venait de s’éteindre pour la dernière fois sur Astrée, laissant place à une nuit éternelle.